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Rencontre de deux êtres que seules ces circonstances pouvaient rapprocher. 1979 l'Italie qui après avoir subi le fascisme, connaîtra pendant un demi-siècle le pouvoir de la Démocratie Chrétienne. F. Melandri fait remarquer par la voix d'un de ses protagonistes, que l'Italie n'a pas fait sa révolution. Celle-ci va se transmuer en une longue série d'événements violents, d'enlèvements, d'attentats de l'extrême droite à l'extrême gauche. Nous sommes ici entre 1960 et 80, en pleine période des années de plomb. Deux anti-héros, très différents. Luisa, mère de famille nombreuse, 5 enfants élevés seule, parce que son mari est en prison pour meurtre. Paolo, professeur de philosophie (et de géographie) en Université, vient de perdre son épouse, morte de chagrin devant la violence avérée de leur fils. Tous deux prennent le bateau pour aller visiter l'une son époux, le second son fils dans la prison éloignée du continent sur une île. Cette incarcération n'est pas sans rappeler le bagne de Cayenne ou Alcatraz ou la condamnation à rélégation instaurée en Italie sous le fascisme qui consistait à éloigner le condamné, le plus souvent politique, en un confinement dans des villages perdus du sud de la botte (Carlo Levi) ou sur des îles quasiment désertes (Gramsci). L'orage éclate sur l'île, le bateau qui devait les ramener repart, ils s'y retrouvent otages. L'agent surveillant de la prison Pierfrancesco Nitti, frustre, rude voire brutal, devra gérer ces deux présences totalement inhabituelles. Derrière le regard compatissant de l'auteur pour le peuple qui subit, un soupçon de militantisme, l'histoire sombre de la Péninsule, F. Melandri a su allumer une lueur d'espoir dans le rapprochement intimiste de Luisa et de Paolo et la révélation de sentiments humains chez le geôlier. Belle histoire sensible, touchante de "petites" gens qui demandaient peu à la vie si ce n'est la considération, l'estime et l'affection.

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