Liste des commentaires
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Bungalow
Danièle M le Dimanche 29-06-2025
La trame est largement exploitée dans le résumé ci-dessus. C'est avant tout un livre de voyages : fuite de Paris pour des horizons asiatiques, départ à l'aventure, à la recherche de soi et d'autres us et coutumes.
Néanmoins les thématiques sont diverses.
- Les protagonistes sont le petit noyau familial anonymé : la Femme, l'Enfant et l'Homme, en l’occurrence l'auteur.
Elle accepte ce départ pour échapper au burn-out professionnel et en raison de ses origines non élucidées totalement.
Lui est écrivain et donc conforté par le voyage.
L'enfant de 9 ans suivra nécessairement et avec le malin plaisir de ne plus fréquenter l'école, bien que ses parents assureront l'instruction ou du moins s'y attèleront quotidiennement d'abord et qu'il devra rédiger un journal de bord destiné à sa classe. Des 3, c'est lui qui aura le plus de difficultés à sortir de sa "peau" européenne.
- Le sens du respect de la nature et plus largement la conscience écologique les poursuivent.
- Se désintoxiquer de notre société qui vampirise socialement, économiquement et politiquement parlant demeure l'objectif.
- S'imprégner d'autres comportements, d'autres conduites de vie, d'autres philosophies est leur credo.
- Le sens de l'Histoire pour les pays traversés, les événements tragiques, les guerres, la bombe, les zones dévastées et leur reconstruction avec la résilience humaine fait leur admiration et leur critique aussi parfois.
- Et avec la Corée, un retour aux sources pour la Femme, adoptée enfant par une famille française. Recherche administrative de ses géniteurs.
La traversée de ces 6 pays est plutôt fugitive et superficielle en raison du temps passé : un temple ici, un fleuve là, la cuisine locale, les transports mais le regard reste critique surtout vis-à-vis du vieux continent.
"Chez nous on fout le feu quand on n'est pas d'accord, culture politique sensiblement différente de celle du Japon, où l'on s'excuse avant de dire bonjour" p. 143. On n'essaie pas de doubler la file dans le métro etc.
D'ailleurs le retour dans le bungalow parisien sera inchangé, sans surprise :
"Flambée de violences, délitement social et effritement démocratique : la routine de la fin du monde avec laquelle il faut composer" p. 191
Peut-être ce texte paraîtrait-il convenu si la dérision de soi, les réparties avisées de l'Enfant particulièrement, l'humour souvent corrosif mais toujours lucide ne le dominaient pas.
Et qui sait, le lecteur dorénavant voyagera éventuellement autrement !
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Un autre m'attend ailleurs
Danièle M le Vendredi 29-11-2024
Pas biopic, pas entièrement biographie, mais bien plutôt retour partiellement fictionnel sur une période inédite de la vie de Marguerite Yourcenar, pseudo de M. Cleenewerck de Crayencour (anagramme de Yourcenar sans le C!), franco-belge naturalisée américaine.
Visiblement passionné par la vie de Marguerite et surtout admiratif de l’œuvre de la romancière, Christophe Bigot choisit de nous conter un épisode inédit et inattendu de cette vie, somme toute discrète. La maestria dans l'écriture d'essais, de nouvelles et de romans avec une affection particulière pour l'histoire de l'Antiquité, à la Renaissance à la Première Guerre mondiale a certainement éclairé la carrière de l'auteur au point de faire partager ce phare littéraire à ses étudiants et aux lecteurs.
M. Yourcenar doit son aura non seulement à son écriture précise, ciselée, riche, argumentée, à son livre monument Les Mémoires d'Hadrien, mais à son entrée comme première femme à l'Académie Française en 1980, Institution jusqu'alors forteresse masculine dans l'appropriation de la sémantique, de la pensée jusqu'à l'habit vert et l'épée qu'il fallut adapter pour une femme.
C. Bigot exclut de son récit son périple européen d'avant-guerre, et la majeure partie de sa vie aux États-Unis, dans le Maine avec son aimée Grace Frick, professeur de littérature à NY., sa traductrice, pour sonner la fin de vie de cette compagne gravement malade et en réouvrir une totalement inattendue avec le photographe Jerry Wilson, homosexuel. Elle n'en est pas cependant à son premier coup de foudre masculin, elle qui dit aimer les femmes !
L'écrivain n'omet pas pour autant d'insister sur ce qui fait la matière de la vie de Marguerite. L'amour de l'art sous toutes ses expressions, l'amour du Beau, de la finesse, de l'intelligence voire de la perfection. Une vie de voyages, une soif de connaître, une immense culture, mais aussi l'hypocondrie et la dépression qui l'ont conduite souvent à s'oublier jusqu'à se négliger physiquement. Et la rencontre avec Jerry, malgré la forte différence d'âge et leur tendance sexuelle "incompatible", l'illumine subitement.
Le lecteur pourrait imaginer des jours ternes, empoussiérés par les conventions, précieux et proustiens et c'est une Mme De Staël, une Colette, une G. Sand qui se révèle. La photographie, le jazz, le gospel, les croisières, l’Éternité même viendront bouleverser sa vie. Et tant pis si France-Dimanche ne la voit que "se déplaçant avec ses 17 malles et une tribu d'homosexuels. Ignorant tout de la vie spirituelle, ils n'en restent qu'à l'écume la plus vulgaire" P. 293 !
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Kintsugi
Danièle M le Lundi 25-11-2024
Isabel Guttierez signe ce second petit roman au titre qui devrait faire voyager le lecteur vers le pays du soleil levant.
Or le titre, tout comme le prologue explicatif, est illusoire. Le lecteur ne va pas prendre la direction de l'Asie mais bien plutôt de la Mauritanie et autres contrées lointaines dans une traversée de l'Atlantique sur un trois-mâts, celui du curé des mers, le Père Jaouen. Et pour ceux qui connaissent le parcours de ce père jésuite atypique et philanthrope, la mission est immédiatement évidente. Le passé des passagers tels Louise, Lucas, Gino, Manuela etc., tous cabossés par la vie, en quête d'un meilleur ou à la recherche d'eux-mêmes, va se dérouler au fil des chapitres, souvent à partir du regard de l'autre, de sa posture ou dans le journal de traversée d'Angèle.
Dans les années 60-70, le prêtre avait imaginé ces sorties au long court pour des jeunes gens malmenés par la vie, délinquants souvent, n'ayant jamais goûter à la navigation pour qu'ils se révèlent dans la difficulté, les taches spécifiques ignorées, la solidarité car l'océan ne pardonne pas sinon, et finalement la révélation de soi, de ses possibilités et de l'amitié .
Et c'est exactement ce que l'écrivaine essaie de nous dérouler.
Le texte est parfois inégal, passant d'un simple quotidien à plus d'emphase au travers de contes, mais l'émotion reste sensible, vibrante. Les tensions, la révolte ou le découragement parfois, le passage lent à la confiance dans l'autre se succèdent . Et surtout les morceaux s'avèrent quelquefois difficiles à réunir. À ce point le lecteur revient sur l'art du Kintsugi. L'humain devenant ainsi aussi délicat que la porcelaine.
La morale s'impose alors d'accepter ses propres fragilités, ses brisures et de les recoller richement avec de la poudre d'or qui n'est autre que le respect, l'aide et l'amitié d'autrui.
Il ne reste plus qu'à appliquer la formule du Père Jaouen : "Démerdez-vous pour être heureux !"
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L'Italien
Martine C le Lundi 07-07-2025
Roman historique passionnant qui nous plonge dans un épisode méconnu des nageurs de combats italiens, les hommes torpilles, menant des opérations de sabotage dans le port de Gibraltar durant la seconde guerre mondiale.
Histoire humaine intense et passionnante.
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La patience des traces
Danièle M le Vendredi 20-12-2024
Se demande-t-on si les thérapeutes de l'âme humaine vont bien ?! Le récit de Jeanne Benameur nous instruit sur ce sujet
Son protagoniste Simon Lhumain, psychanalyste, après des années de rendez-vous à écouter les autres, dans son fauteuil rendu inconfortable, décide devant l'une de ses maladresses anodines, un matin au petit déjeuner, de quitter son cabinet.
C'est alors le plongeon pour lui, dans ses amours, ses pulsions, ses déceptions, ses amitiés. Les prénoms se succèdent : Louise, Lucie, Hervé, Mathieu ... Et les liens passés ou présents, les cicatrices, la colère, les pourquoi s'enchaînent.
Or plus qu'une introspection confidentielle, c'est un départ vers le Japon qu'il s'arrogera. Le lecteur fait alors le lien entre le bol bleu brisé et la noble méthode nippone pour réparer la céramique, le kintsugi, et comprend la nécessité de Simon de réparer son âme face au bilan de sa vie.
N'est-ce pas là, un artifice apprêté pour emmener le lecteur vers ce pays insulaire de traditions culturelles et cultuelles ?
Simon, reçu par M et Mme Itô, respectivement céramiste et créatrice d'étoffes, aura tout le loisir d'en connaître les techniques, le respect des coutumes, la philosophie, la sagesse alors que le lecteur n'aura, lui, que la prose poétique certes mais lente et sans aspérités de J. Benameur pour rêver les îles japonaises de Yaeyama.
Du reste le chant de la raie manta, la mangrove, les divinités qui protègent la nature, la transmission réussissent-ils réellement à panser les blessures intérieures de Simon, homme parmi les hommes qui a pourtant la chance et le luxe de pouvoir vivre son rêve sans véritable idée de partage ?
Délicat dans la forme, artificiel et élitaire pour le fond.
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Bestial
Danièle M le Samedi 15-02-2025
Tout est à peu prés présenté dans le résumé ci-dessus et c'est regrettable car l'histoire en soi est autant déconcertante qu'ardue à qualifier dans l'horreur et la monstruosité.
En fait, les combats de coqs, de chiens ou autres sont inhérents à certaines cultures pour assouvir la soif de cruauté, de jeu et d'argent de certains hommes particulièrement et donc ataviques.
Quant aux trafics d'enfants, soit recueillis dans des monastères à des fins morales ou "philanthropiques" dans le cadre de jeunes filles abusées, d'adoptions illégales sous la dictature argentine par exemple, d'enfants esclaves ou prostitués, ou d'enlèvements d'enfants pour récupération d'organes en Asie, Afrique ou Europe même, il est aussi séculaire.
Ce qui heurte dans ce récit, c'est l'actualisation des faits.
Nous sommes bien au XXI° siècle, avec des membres de l'autorité policière incarnés par Jourdain, Ribault et leur équipe, dans la capitale avec des familles lambda qui vont endurer le rapt subit de leur adolescente. Elles sont assez semblables physiquement et en âge. Pour nous en convaincre, les réseaux sociaux, le Web,le GPS, les relents de dictatures et de guerres de pays de l'Est, la Serbie, la Roumanie, l'Albanie en témoignent.
Et ce sont les enquêtes qui s'en suivent, qui font pénétrer le lecteur dans un monde d'inhumanité inimaginable , alimentée par des réminiscences belliqueuses quasiment indélébiles.
Plusieurs questions s'entrechoquent alors. Comment un écrivain, en l’occurrence une femme, peut-être même une mère, peut-elle construire un scénario aussi cauchemardesque ? Comment parvient-elle à décrire dans le détail les situations les plus abjectes vécues par ses jeunes filles ? Où puise-t-elle son inspiration ? Fiction, on l'espère, ou réalité
encore persistante ?
Seule l'ouverture du QR code dans le préambule pourrait lénifier très furtivement la lecture, mais le lecteur ne peut que revenir inlassablement au titre, hélas.
Émotifs, naturellement inquiets, fervents d'actualités anxiogènes s'abstenir !
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La clé de Salomon
Danièle M le Lundi 06-01-2025
Le titre de ce thriller a une double signification : allusion à des grimoires de magie du Roi des Juifs Salomon, dès le XIV° s. et en franc-maçonnerie plus précisément, dualité esprit-matière, idée de vérité que chaque adepte doit rechercher.
Le résumé ci-dessus simplifie nettement la trame du sujet traité. Les protagonistes sont bien quelques-uns des personnages cités, mais derrière eux elle se complexifie à travers les recherches des scientifiques du CERN qui observent le Bosson de Higgs, la CIA avec la mort de son chef, le cryptologue Noronha et ses préoccupations personnelles au sujet de sa mère Grazia, et de sa mort imminente.
Ce récit nous transporte de la recherche scientifique au pouvoir politique, de la physique quantique avec les noms de ses représentants les plus illustres : Bohr, Wheeler, Heisenberg, Einstein (congrès de Solvay en 1927 puis interprétation de Copenhague) etc., de la recherche programmée à un projet top secret "L’œil quantique". Mais aussi de la hauteur des Prix Nobel aux sentiments humains les moins glorieux dans une démarche à la fois philosophique et ésotérique.
La question suscitée pour le lecteur étant au-delà des ondes, des électrons, photons et diverses particules : l'observation crée-t-elle la réalité sans ignorer la conscience ?! Vaste programme d'autant qu'elle ne fait pas l'unanimité parmi les savants eux-mêmes, partagés entre cohérence et décohérence de l'Univers !!
J. R. Dos Santos parvient-il sous couvert de rédiger un thriller fictionnel mais éminemment scientifique (bibliographie extrêmement fouillée) à faire sortir le lecteur lambda "du cercle relativement restreint de la science ... et de le mettre à la portée du grand public" ? p. 594, ou le lecteur doit-il se contenter de trouver l'énigme sur la sagesse antique que l'auteur propose en dernière page à partir de l'acrostiche de ses 87 chapitres !!!!?
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Beaucoup d'amour et quelques cendres
Martine C le Samedi 13-09-2025
Ce roman d’une grande intensité est une véritable plongée dans une aventure humaine pleine de suspense et d’émotions.
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Jamais tu ne me quitteras
Danièle M le Dimanche 09-03-2025
Thriller sur la base de la manipulation d'un pervers narcissique type, Andrew qui a épousé Linsey. Une fille naît de ce mariage : Sophie.
Et c'est l'évolution au fil du temps d'un amour toxique, doublé d'une jalousie chronique qui structure la trame de ces trois vies, jusqu'à la peur viscérale, l'esquive souvent impossible et la fuite pour ne pas mourir. Mais le destin pernicieux ne s'arrêtera pas à cette première expérience et la fin totalement inattendue et perturbante sur fond de vengeance, viendra confirmer que la fatalité est parfois irrémédiable.
Cette pathologie comportementale pour contrôler l'autre est enrichie tout au long du récit par une succession d'agressions physiques et verbales, la repentance insincère et systématique, une apparence différente avec autrui, l'humiliation, l'isolement total du "manipulé" qui continue à espérer jusqu'à l'évidence dangereuse.
Thriller essentiellement psychologique, imprévisible jusqu'aux dernières pages.
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Helena
Danièle M le Vendredi 11-10-2024
Lorsqu'on a lu d'autres œuvres de Fel, sa façon de poser plusieurs protagonistes, pas forcément en lien, et dont les destins vont pouvoir s'enchevêtrer ne surprend plus.
Étrangement chacun d'entre eux pourrait dérouler un cours de vie, si ce n'est médiocre, fade ou simplement ordinaire, mais non. Ils ont pourtant eu des moments d'amour, d'amitié, de tendresse et néanmoins chacun sombrera, à des degrés différents dans la jalousie, le sentiment d'injustice, le manque d'estime de soi, ou au contraire l'orgueil. Et ils finiront tous par se vautrer dans l'animosité, la vengeance et souvent s'exprimer dans la brutalité et la férocité acharnées, en se cherchant et en se retrouvant pour assouvir leur revanche.
Fel n'hésite jamais à la traduire en mots. Des termes crus, durs parfois à la limite de la bestialité.
Parmi la dizaine de personnages, un prénom interpelle jusqu'à la fin, celui du titre : Helena.
L'âme humaine pour Fel est rarement rayonnante, même dans le portrait d'une mère aimante pour ses enfants, comme Norma, qui n'hésitera pas à transgresser sa fibre maternelle noble, pour sauver l'inconcevable.
Lecteur fragile et morose s'abstenir !
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