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couverture de : Zone grise
Résumé : A 18 ans, l'écrivaine a une aventure avec un photographe reconnu. Pendant des années, elle se persuade que cette relation était normale avant de comprendre que, même si elle n'a pas dit non, elle a subi ce rapport sexuel. Elle explique sa situation par son histoire personnelle mais pointe aussi les différences dans l'éducation des filles et des garçons. Electre 2020
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Voici bien un livre impossible à résumer si l'on veut en conserver sa substance, le vécu, le ressenti indélébile de Loulou Robert. Certains l'évoquent comme un coup de poing, d'autres comme un brûlot allant dans le sens des dénonciations féminines encouragées par le mouvement Me Too en 2006. Or elle s'en défendra car il concerne essentiellement "Actrices, chanteuses ..." p. 204 mais pas "Celles qui vivent de l'autre coté du périph....Parler coûte cher"p.205. En réalité il n'est qu'une longue et cruelle réflexion sur un viol subi en 2011 par un photographe de mode D. dans les pages, David Bellemère pour le citer, qui exerce glorieusement sur des plateaux du show-business à l'international, officie pour des grandes marques, et continue à être commissionné par de nombreux magazines. Loulou a 18 ans, elle est mannequin, elle est belle, elle part un we avec lui et son agent pour des shootings. La nudité, elle la vit facilement en famille. "Le problème c'est moi", dit-elle déjà. p.59. Il est très grand, il a une vingtaine d'années de plus, il est homme. "Je deviens celle que je n'aurais jamais pensé devenir. Femme" p.91 Et c'est alors le grand chamboulement dans sa tête, dans les battements de son cœur, dans la douleur physique, dans ses appels au secours : papa, maman!, dans la dissociation de sa personnalité, dans son "inexistence", "Car si j'existe, je ne survis pas", allant jusqu'au : "Je ne suis personne" p. 208 Et la sentence culpabilisante à jamais, tombe : "Je n'ai pas dit oui, je n'ai pas dit non". Avec une mise en page singulière et poétique, une suite d'anaphores, reproduisant le -je- narratif, le -tu- parfois pour sortir de soi, ou simplement une phrase nominale : "Décalage. Domination. Le vide. Le trou.". Ou verbale : "Soumets-toi, Tomber. Tu ne savais rien.", mais tellement signifiantes, Loulou écrira pour DIRE, pour se libérer, pour crier alors que certains lui reprocheront son écriture ou plutôt son "manque" d'écriture ! Or tout depuis des chapelets de mots touchant ses parents qu'elles aiment profondément, l'éducation reçue : "Ne pas les décevoir" . l'Art , car l'Art du beau "justifie tout, masque tout "p. 123, l'oubli, l'effacement, le regard sur les hommes :"Il n'a pas su résister", "Moi, je l'avais bien cherché", la zone grise, ce flou revendiqué par les prédateurs (les laconiques citations-témoignages d'hommes impliqués qui ponctuent chaque chap. glacent) , la plainte qui ne condamne pas : "Il n'y a pas de solution" p.203. Tout dans l'écrit la conforte : "À quoi bon parler si personne ne vous écoute" p.206 et son récit devient alors son "J'accuse", sa force, son exutoire aussi et elle continuera "parce qu'il n'y a pas de fin".
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