Lire "Lolita" à Téhéran
Titre origine  Reading "Lolita" in Tehran
Auteurs   Nafisi, Azar (Auteur)
Dumas, Marie-Hélène (Traducteur)
Edition  Éditions Zulma : Veules-les-Roses , DL 2024
Collation   1 vol. (422 p.)
Format   21 cm
indice Dewey   305.409 55
ISBN   979-10-387-0276-9
Prix   21,50 EUR
Langue d'édition   français
Langue d'origine   anglais
Nombre de réservation(s) actuelle(s) : 0
Réservation
SiteNuméroCoteSection / LocalisationEtat
Barbentane 010016348 R AZAAdulte / Sorti - Retour prévu le 08/03/2025
Résumé :

Pour avoir refusé de porter le voile, Azar Nafisi doit quitter l'université de Téhéran, où elle enseignait la littérature. Elle décide alors de réunir sept de ses étudiantes pour des cours clandestins dans l'intimité de son salon. Qu'elles soient conservatrices ou progressistes, croyantes ou laïques, elles vont débattre ensemble de Lolita de Nabokov, Gatsby de Fitzgerald, Orgueil et Préjugés de Jane Austen' Ces romans sont-ils subversifs, ou est-ce le fait de les lire sous le manteau à Téhéran qui est subversif ? Elles découvrent avec passion le pouvoir de la fiction et ses répercussions sur leur vie personnelle : l'imagination comme arme de résistance et gage de liberté.

D'une richesse infinie, parfois drôle et souvent héroïque, Lire Lolita à Téhéran nous fait partager le quotidien de ces femmes iraniennes au coeur de la République islamique. Vibrant, déchirant et inoubliable.


Commentaires

En 1987, Nafisi Azar enseignait la littérature à l'Université Allameh Tabatabai de Téhéran, la plus libérale d'Iran. Mais l'Histoire est là. Le Shah a été chassé depuis 1979 et ce pays sous dictature "impériale" et néanmoins pays laïc, va voir peu à peu s'amplifier le désir de révolution d'un peuple accablé socialement et économiquement pour sombrer sous le joug des ayatollahs, dont le mémorable Khomeny qui après 14 ans d'exil en France en particulier, va imposer progressivement son autorité et ses dictats religieux, sous la version radicale de Révolution islamique. Et la part de liberté pour une certaine classe sociale dont fait partie Azar, pour les femmes et l'accès aux études et au travail va régresser continuellement jusqu'à l'actualité toujours plus contraignante et impitoyable. L'écrivaine nous raconte alors son idée de réunir hebdomadairement chez elle, en privé, sept étudiantes Azin, Manna, Mashhid, Yassi, Nassrin, Mitra etc. pour lire et étudier dans le texte Nabokov, Spark, Fitzgerald, Woolf mais aussi ponctuellement Derrida, Barthes, Kundera. Toutefois le nouvel ordre politique obscur s'impose, bien que superficiellement à première vue, dans quelques proscriptions : - physiquement, se libérer d'un vêtement noir qui uniformise, emprisonne ces jeunes femmes et contraint leur corps, cet inconnu - l'accès à la littérature, donc au savoir, sans censure morale ni usage de son libre-arbitre - découvrir, si ce n'est déjà fait, la condition de soumission partielle au début et totale et irréfutable au fil des mois des femmes, au patriarcat islamiste. Pendant deux ans pour ces jeunes filles, la tyrannie du temps et des hommes s'estompera, l'espace d'un dialogue pour ne laisser place graduellement hélas qu'à la couleur des rêves, celle de la réalité sombrant dans le noir profond. L'après Bakhtiar, "le plus éclairé de tous les chefs de l'opposition", verra toute vie estudiantine muselée, jusqu'à disparaître avec la persécution et l'emprisonnement durant 10 ans pour Nassrin, qui "a eu de la chance", ou l'exécution de certains résistants. Avec la guerre contre l'Irak et la diabolisation de l'Amérique, fleuriront les citations du Guide suprême de la Révolution : "Que nous tuions ou que nous soyons tués, nous serons victorieux ! Islamisons nos universités ! Cette guerre est pour nous une bénédiction !" p. 238. C'est le glas pour toute vie intellectuelle...et féminine ! Avec les gardiens de la Révolution, la Police de la moralité qui tue pour une mèche de cheveux apparente, les Comités de soutien aux droits des hommes, toute apparence vestimentaire féminine non conforme, toute activité non dogmatique et donc anti-cultuelle devient encore aujourd'hui haram. Même l'Association des écrivains, invitée ici et là en Europe sera mise en garde sous peine de représailles. Ne reste plus alors pour s'exprimer que l'exil clandestin parfois, vers l'Europe, Londres pour Nassrin, au Canada pour Mitra, aux Etats-Unis, pour Azar, avec cette conclusion pathétique : "J'ai quitté l'Iran, mais l'Iran ne m'a jamais quittée" p. 417 Et voilà condensé en peu de mots tout de drame du déracinement "par désir tenace de vie, vers plus de liberté ou de bonheur", peut-être. Gageons que ce récit pourra ouvrir les yeux et pousser la réflexion de certains "négationnistes" du régime des mollahs et de leur sourde influence à travers le monde !
Vote: 
4
Average: 4 (1 vote)
Connectez-vous pour poster un commentaire

Notices Similaires