L'enfant réparé
Auteurs   Delacourt, Grégoire (Auteur)
Edition  Bernard Grasset : Paris , 2021
Collation   1 vol. (231 p.)
Format   19 cm
ISBN   978-2-246-82884-6
Prix   19 EUR
Langue d'édition   français
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Barbentane 010015348 R DELAdulte / Romans AdultesDisponible
Résumé : J'ai compris depuis ce qui motiverait mon chemin d'écrivain. Présenter à l'adulte que je suis devenu l'enfant que je fus. Dans Mon père, publié en 2019, Grégoire Delacourt peignait un père venu demander des comptes à un prêtre coupable d'abus envers son jeune fils. Catalyseur d'émotions enfouies, le livre allait faire ressurgir des souffrances muettes et conduire son auteur a une enquête introspective profonde. Remontant enfin à la source de son enfance saccagée, Grégoire Delacourt la fait revivre dans L'enfant réparé, poignant récit autobiographique où il se livre pour la première fois. L'enfant réparé raconte un corps abîmé et les livres qui l'ont réparé, ce corps qui très jeune a subi l'étourdissement dans le Valium ou autres médicaments et se perçoit comme un déchet. L'écriture lui permet d'abord de subsister, de fuir sa famille et ses souvenirs, avant de devenir une démarche créatrice jalonnée des traces cachées de ses douleurs enfantines. Pourquoi le petit garçon qu'il était rêvait-il au soulagement de sauter par la fenêtre ? Qui était ce père, absent et bourreau ? Cette mère adorée fuyait-elle son propre enfant, ou bien faisait-elle tout pour le protéger ? L'enfant réparé est l'histoire d'une enfance abusée, d'une famille où l'on porte le déni comme une armure, et un éclairage unique sur le parcours d'un écrivain. Le jour où j'ai appris que j'étais une victime, je me suis senti vivant. Dans un style acéré, précis, un regard sur soi d'une rare lucidité. Bouleversant.

Commentaires

Suite inévitable pour Grégoire Delacourt du livre précédent "Mon père". Malgré une profession lucrative et enviée, l'écriture de romans moins ciblés, une vie familiale substantielle et une longue période d'analyse, l'enfance violentée réémerge obsessionnellement. Tout réaffleure : le Valium, le Mogadon, la dureté assumée du père, la froideur impartiale ou neutre de la mère, le pensionnat éducateur. La peau et le toucher sont toujours en éveil, même dans les rapports amoureux avec ses compagnes. Les odeurs d'éthylène, de cigarette mentholée, d'un appartement clos ou la vue de certains objets familiers sont autant de madeleines pour lui. Tout comme la perception de son propre corps : "Mon corps m'empoisonna pendant cinquante ans" p.68 . La vitesse, l'alcool, l'éloignement, l'isolement et surtout l'écriture pour mieux disséquer et fixer ce passé : baumes ou placebos à cette douleur abyssale? Les pages consacrées à la fin de vie de la mère et du père sont impitoyables. Le poids de leur déni est plus fort. Et pourtant l'amour y côtoie l'aversion . "Le pardon est une fiction", écrit-il p. 227. L'auteur semble oublier ou du moins estomper la culpabilité du prêtre, par qui ce déchirement s'est incrusté à jamais pour mieux accuser ses parents qui ne l'ont pas sauvé. A-t-il seulement été un père parfait lui-même? Se rachète-t-il dans ses jugements inflexibles en concluant : "Tu vois, mon livre parle de toi. Mon livre est toi. Il est l'amour d'une mère" p. 229 Écriture au cordeau, phrases courtes, sonnantes, rigidité du vocabulaire, récit bref et pourtant tellement expansif et bouleversant.
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