Ainsi parlait ma mere
Auteurs   Benzine, Rachid (Auteur)
Edition  Seuil : Paris , 2020
Collection   Cadre rouge
ISBN   978-2-02-143509-2
Prix   14,00 eur
Langue d'édition   français
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Réservation
SiteNuméroCoteSection / LocalisationEtat
Barbentane 010014310 R BENAdulte / Romans AdultesDisponible
Résumé : "Vous vous demandez sans doute ce que je fais dans la chambre de ma mère. Moi, le professeur de lettres de l'Université catholique de Louvain. Qui n'a jamais trouvé à se marier. Attendant, un livre à la main, le réveil possible de sa génitrice. Une maman fatiguée, lassée, ravinée par la vie et ses aléas. La Peau de chagrin, de Balzac, c'est le titre de cet ouvrage. Une édition ancienne, usée jusqu'à en effacer l'encre par endroits. Ma mère ne sait pas lire. Elle aurait pu porter son intérêt sur des centaines de milliers d'autres ouvrages. Alors pourquoi celui-là ? Je ne sais pas. Je n'ai jamais su. Elle ne le sait pas elle-même. Mais c'est bien celui-ci dont elle me demande la lecture à chaque moment de la journée où elle se sent disponible, où elle a besoin d'être apaisée, où elle a envie tout simplement de profiter un peu de la vie. Et de son fils".

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Petit texte de 91 pages dont le titre pourrait évoquer celui d'un certain philosophe allemand et le contenu évoqué, celui de la Mère courage d'un certain dramaturge, or il est une ode infiniment lucide et sensible d'un homme à sa mère au crépuscule de sa vie. Issu d'une fratrie de cinq garçons, orpheline de père très jeune, le -je- narrateur, et comment ne serait-il pas l'auteur lui-même pour s'exprimer avec autant de sincérité, se confie sur sa relation à la mère. La famille est d'origine marocaine, expatriée en Belgique, quatre des fils ont une vie indépendante, seul Rachid est resté célibataire, a poursuivi des études supérieures et enseigne les Lettres à l'Université catholique. Lorsqu'il écrit, il a 54 ans, sa mère 93 et tous les souvenirs, parfois résistants et toujours effectifs affleurent. Une mère analphabète, qui s'est usée aux ménages pour que ses fils aient une vie digne et qui demande inlassablement que ce fils qui vit à ses côtés comme une ombre , lui lise Peau de chagrin de Balzac. " Tu me lis mon Balzac" ? Et le questionnement se manifeste: pourquoi, comprend-t-elle, que trouve-telle dans le destin de Raphaël, sa passion pour Foedora, sa relation à l'argent, etc. ???? Les moments cocasses ( maillot de bain p. 70) ou surprenants succèdent à la gêne, à la non acceptation (la chanson populaire, les têtes couronnées) Les moments malaisés aussi avec cette mère qui ne sait pas s'exprimer en français, qui apprend par cœur des formules pour être visible dans certaines situations : devant les professeurs, lors d'un concours ou lors de rencontres même anodines ont provoqué la honte chez lui. Il mesure tardivement combien il n'a pas su voir sa bienveillance, son écoute de l'autre, l'aide apportée. Il n'a jamais imaginé ses rêves, ou tout simplement sa qualité de femme avant d'être mère. Le repentir est sans cesse latent mais il se traduit aussi par une dépendance totale et infiniment délicate (soins, toilette...) à cette mère. Il conclura :" Je ne sais pas si ma mère a été une bonne mère...Je sais juste que c'est la mienne. Et que la plus grande richesse en cette vie est d'avoir pu l'aimer". Émouvant, troublant, humain.
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