Le mariage de plaisir
Auteurs   Ben Jelloun, Tahar (Auteur)
Edition  Gallimard , 2016
Collation   272 p.
Format   20 cm
Prix   19.50
Langue d'édition   français
Nombre de réservation(s) actuelle(s) : 0
Réservation
SiteNuméroCoteSection / LocalisationEtat
Barbentane 010012380 R BENAdulte / Disponible
Résumé : Dans l’islam, il est permis à un homme qui part en voyage de contracter un mariage à durée déterminée pour ne pas être tenté de fréquenter les prostituées. On le nomme mariage de plaisir. C’est dans ces conditions qu’Amir, un commerçant prospère de Fès, épouse temporairement Nabou, une Peule de Dakar, où il vient s’approvisionner chaque année en marchandises. Mais voilà qu’Amir se découvre amoureux de Nabou et lui propose de la ramener à Fès avec lui. Nabou accepte, devient sa seconde épouse et donne bientôt naissance à des jumeaux. L’un blanc, l’autre noir. Elle doit affronter dès lors la terrible jalousie de la première épouse blanche et le racisme quotidien. Quelques décennies après, les jumeaux, devenus adultes, ont suivi des chemins très différents. Le Blanc est parfaitement intégré. Le Noir vit beaucoup moins bien sa condition et ne parvient pas à offrir à son fils Salim un meilleur horizon. Salim sera bientôt, à son tour, victime de sa couleur de peau.

Commentaires

Sous la forme d'un conte, TBJ nous invite à partager une saga familiale marocaine. Celle d'Amir, quadragénaire fortuné de Fès, entouré d'une épouse officielle et de 4 enfants dont "un ange" , un "messager de Dieu", Karim. Prétexte ou exemple illustré, l'auteur se complait à nous initier à sa culture, racine atavique parfois amère, parfois ouverte sur le monde actuel. Ce mariage de plaisir, le Mariage de Mut'a, voué à Nabou, ravissante jeune peule d'origine sénégalaise, entraînera peu à peu en chaîne une suite d'événements propres aux us et coutumes cultuels de ce pays : union polygamique encouragée par la religion musulmane, l'amour fou, la blessure et la jalousie de Falla Fatma, l'épouse légitime, la naissance totalement improbable de jumeaux l'un de peau blanche, l'autre de peau noire, leur devenir inattendu. TBJ, au-delà de ses personnages, nous instruit sur l'histoire du Maroc et du Maghreb en général. Coup de griffes contre la France pour son protectorat, arguties sur les traditions exclusivement masculines, sens de la famille néanmoins, mais surtout allusions retentissantes au racisme. Il est là où l'Occident ne le voit pas, entre peuple maghrébin et subsaharien, avec un rappel fort sur l'esclavagisme noir pratiqué par le premier , depuis le VII° siècle, soit la traite arabo-musulmane. La soumission au "peuple" blanc marocain, le profond mépris de la couleur. Véritable apartheid pratiqué sans état d'âme. "Dieu avait créé l'humanité en blanc. Les Noirs étaient des erreurs de la Nature..." p.154. Et enfin l'évocation, à travers Salim, le petit-fils "naturel", des grands mouvements migratoires actuels de l'Afrique vers l'Occident. L'épopée souvent tragique de ces "harraga", ces pauvres hères "qui brûlent leurs papiers et tentent la traversée vers l'Europe" p. 250, par Ceuta par exemple, après avoir enrichi les passeurs avec leurs économies. Plutôt qu'un conte, malgré l'introduction et la conclusion, TBJ utilise une fois de plus son récit, pour soumettre à l'appréciation du lecteur son attachement viscéral à son pays d'origine avec ses richesses humaines, ses conventions dogmatiques qui parfois l'entravent et l'Histoire ancestrale.
Vote: 
5
Average: 5 (1 vote)
Connectez-vous pour poster un commentaire

Notices Similaires